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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 10:59

 

Scénario ps3 bayonetta 1216594821 4

Bayonetta. Le personnage est bien. Le scénario est bidon.

 

Le jeu vidéo c'est génial, marrant, plein de fun... mais qu'est-ce que c'est con. Il est sain de savoir être con. Parce qu'il est agréable de voir un coup se charger en gardant seulement le doigt appuyer sur le bouton. Qu'il est bon de voir des tonnes d'effets de fumée, de feu, de lumière stroboscopique se déclencher sous le seul prétexte d'un coup de magie. Et qu'il est jubilatoire (le mot le plus dénaturé par la critique vidéoludique) de se sentir triompher d'un boss de fin arrogant, qui mesure vingt six fois plus que son propre personnage. Mais quand les programmateurs justifient platement l'accession du jeu vidéo à l'art parce qu'il copie le cinéma, avec un scénario et des images, on a direct envie de leur envoyer un pain dans la gueule. Les mecs, vos scénarii sont à chier. 

D'aucuns diraient qu'un jeu contient trop de rebondissements pour ne pas finir en salmigondis informe. Multiples personnages, multiples niveaux dont il faut justifier l'existence, boss de boss, bras droit de bras droit. Ils ont raison – tout ça est aussi insoluble qu'une équation à dix degrés, ou qu'une saison de Flashforward. Mais on pourrait se contenter de faire un scénario tout aussi linéaire : on bute un boss, et le deuxième vient venger le premier, mais il est plus gros, le troisième vient venger le deuxième, mais il est encore plus gros et porte un bandeau de pirate. Etc. Un bon scénario, ultra plat, mais à l'exacte mesure du plaisir du joueur.

Le problème vient surtout de ce que ces "scénaristes" prétendent faire artistique, ou plutôt cinématographique – bien qu'on connaisse mieux qu'eux tous les twists possibles de fin de films. Du coup, ils plaquent ce qu'ils pensent connaître sur un jeu dont l'essence est de combiner des ronds, avec des croix, des carrés ou des triangles. C'est le cas Bayonetta, le beat'em all le mieux noté de tous, le plus applaudi de tous, conçu par le père des Devil may cry, Hideki Kamiya, qu'on accablera donc ici. Mais c'est très probablement le cas de plein de RPG interminables – tous les Final Fantasy, certainement... mais jouer une soubrette écolo aux gros yeux qui forcent des créatures mignonnes à se battre, et qui s'entoure d'autres persos aux yeux encore plus gros, me fait personnellement flipper.

 

Scenario_final-fantasy-xiii-lightning.jpg

Quand on est aussi mignonne que ça, on a plutôt envie de monter un groupe d'emo

plutôt que de risquer de se faire violer par des monstres, nan ?

(et ça vaut aussi pour les personnages masculins)

 

Dans Bayonetta, on joue une sorcière (habillée comme une pute paraguayenne – aucune idée de ce que ça donne mais ça sonne bien). Une sorcière, mais tiens tiens tiens... qui a perdu la mémoire. Donc ça, les mecs, on sait que c'est un truc de scénariste depuis qu'on a l'âge de regarder des dessins animés à la télé – et on a tous bien fait chier nos parents pour savoir si c'était possible dans la vraie vie. Très mauvais départ cette amnésie, d'autant qu'elle n'est pas expliquée une fois.

Bayonetta, comme elle ne sait pas qui elle est, a des flashbacks dès qu'elle aperçoit un truc. Au hasard une autre copine sorcière, Jeanne. Et là, dès la deuxième cinématique, on est paumé. Car les gentils scénaristes nous laisse flotter dans une incertitude typique des jeux vidéos. Elles sont amies ou ennemies ?... pourquoi Jeanne ne l'aide pas, ou sinon, pourquoi elle ne la tue pas ? Oui, car dans notre monde, c'est à peu près ce qui devrait arriver si on a des flingues magiques, et l'assurance de n'éprouver aucun regret, et qu'on ne sait pas qui on est mais qu'on se souvient seulement que cette personne nous a buté dans le passé. Mais dans le monde du jeu vidéo, manifestement, tout doit pouvoir être réversible, infiniment recomposable, sauvegardable. Imaginez un jeu, où vous n'auriez le droit qu'à une seule vie, une seule sauvegarde... là ça déconnerait moins. On serait tellement flippé de rencontrer un type chelou qui nous rappellerait le passé qu'on le tuerait immédiatement, ou qu'on chercherait tout de suite un bar virtuel pour se bourrer la gueule (à condition qu'on ait des euros magiques en poche en plus d'un flingue magique).

Je vous rassure tout de suite, cette Jeanne, c'est super simple : elle vous bute il y a 500 ans, vous la butez une deuxième fois, puis une troisième fois, puis elle se souvient que vous êtes copine, alors elle vous sauve, et elle meurt, puis finalement non, elle vous ressauve, puis vous mourrez, puis nan, vous êtes vivantes. Encore une fois... Mario lui ne s'encombre pas de justification scénaristique pour savoir pourquoi il revient dans le niveau une fois qu'il a glissé dans le trou, ou qu'il s'est pris une plante carnivore dans le cul. Car Mario, lui, il s'en fout du cinéma. Et il a raison.

 

Scenario_double-dragon.png

Double Dragon. Un vrai scénario de jeu vidéo.

Un mec tape un autre mec, qui a envie de lui coller une beigne en retour. Rebondissement : l'autre mec décide de revenir le taper au tesson de bouteille... La vraie vie, quoi.

 

Dans Bayonetta, il y a finalement "tout un univers". C'est comme ça qu'on dit quand il n'y a plus d'histoire. Un univers cohérent au moins ? Aussi cohérent qu'un résumé de la continuité DC, aussi compréhensible qu'une notice de four micro ondes multi-fonctions... ça l'est probablement, mais on va plutôt se contenter du minimum. Les anges (répartis en plusieurs niveaux) sont méchants, et les sorcière sont gentilles (eh oui ! – et on sent que ces scénaristes japonais dans un bureau ont dû se dire mais qu'est-ce qu'on est malin... on a inversé le bien et le mal !). mais vous n'êtes pas vraiment une sorcière, vous êtes mulâtre, mi-être de lumière mi-sorcière, pourtant, vous avez le pouvoir de l'oeil gauche des sorcières... Vous avez le cul entre quatre chaises autrement dit, deux chaises pour chaque fesses. vous avez des problèmes d'identité si grave, et un sex appeal si évident que vous devriez mieux de tourner dans un film de Woody Allen et sortir avec un vieux qui au moins peut vous apprécier à votre juste valeur. Mais on n'a rien dit tant qu'on n'a pas dit l'essentiel : vous recueillez une enfant dans le jeu. Et cette enfant... c'est vous ! Qui avez été projetée dans le futur (on ne sait pas comment) au moment où Jeanne (votre meilleure copine) vous a tué. Du coup, quand vous récupérer la petite fille, vous finissez par vous élever vous-mêmes, et devenir victime du paradoxe de l'écrivain : vous devriez avoir le souvenir de vous être élevé vous-mêmes dès le début du jeu... Quant à la fin du jeu, c'est grandiose : Bayonetta tue son propre père (c'est mal parti si elle voulait naître un jour... mais passons, tout le monde n'est pas aussi habile pour l'embrouille que les scénaristes de Lost), et tue le super créateur du monde et de toute chose... mais sauve le monde !

 

En fait, le plus drôle, c'est que Bayonetta est un personnage malpolie. Elle bute immédiatement le premier ange qui ouvre sa gueule pour lui expliquer qui elle est et pourquoi elle fait ce qu'elle fait... "Bam !". Puis elle rebute systématiquement tout ceux qui lui parle un peu trop longtemps. C'était la seule bonne intuition des scénaristes. Bayonetta, paradoxalement, c'est pas une péteuse qui apprécierait le scénario de son propre jeu vidéo – elle est l'essence même du bon gamer qui sait ce qu'est un jeu, et qui a envie de coller à pain à tous ceux qui lui expliquent que "nan, y'a quand même un scénario dans les jeux vidéo. Par exemple, dans Final Fantasy 17, il faut sauver l'arbre magique, parce que sinon...." – Bam ! Dans ta gueule.

 

Scenarion_bayonetta-06.jpg

On n'y comprend rien, mais on tape dessus quand même.

 

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commentaires

S
<br /> Totalement ! Ca manque de nihilisme, de barge, de tarés. De pixels qui te pètent à la gueule et t'amènent nul part. De jeux impossible à finir, dont la fin est un mythe.<br /> <br /> Du cul, des putes et des connards on en a déjà et c'est chiant. Ces faux airs de jeux enragés nous les brisent.<br /> <br /> Le jeux vidéo, un art, c'est sur, avec une histoire débile, mais sombre parce que de nuit, avec une profondeur et un twist de-ouf.<br /> Mais c'est quoi cette conception de l'art bordel ? depuis quand l'art c'est des jolis dessins, avec des jolis couleurs, avec des jolis personnages dans des jolis endroits, mais avec des gens qui<br /> meurent, pour le coté mature.<br /> <br /> Tingle les prend tous un par un ces cons.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Absolument d'accord ouais, il faudrait filer des subventions à Hannibal Lecter pour qu'il nous ponde un bon petit jeu flash !<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> J'applaudis des deux mains, des deux pieds et des deux fesses, simultanément.<br /> La dernière fois que j'ai eu la trique sur un scenar de JV c'était devant Pokémon version Bleu. Des champions, des bestioles, des bugs, le truc parfait.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Mais ouais ! Même Fat Princess, ils ont pondu un truc super compliqué... Et je ne parle pas de Sonic Unleashed (qui intègre une sorte d'esprit de la Terre à la Final Fantasy qui se vénér on ne<br /> sait pas d'où) ou de COD 6 (j'étais sûr qu'il fallait buter son chef à moustache dès le début – pas besoin d'un complot terroriste pour deviner ça). Pour Fat Princess, c'est simple, il suffisait<br /> de dire que les bleus étaient les gentils et les rouges les enculés, et le tour était joué. En fait, il faudrait un mouvement punk des jeux vidéos, une sorte de retour au basique bien enragé, un<br /> retour aux jeux flash ! <br /> <br /> <br /> <br />

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