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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 22:50

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 00:54

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 18:56

 

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Si vous saviez le temps que j'ai passé sur ce truc... au regard du résultat, vous découvririez soudain l'absolue vérité sur la vanité de la nature humaine...

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 13:11

 

Spiderman metisse-miles-morales

"Peut-être que le costume est de mauvais goût."


Juste un petit post pour commenter et faire résonner la nouvelle partout dans le web. Peter Parker/Spiderman est mort. Vive Spiderman ! Mais attention, tout de suite : il s'agit de Peter Parker version Ultimate, c'est-à-dire le reboot de l'histoire originale publiée déjà depuis 2000. Autrement dit, il leur reste encore un Peter Parker à buter...

Quand j'étais petiot, j'adorais connaître la mort des hommes célèbres. A mes yeux, leur mort signifiait tout. S'ils mourraient comme des nazes, ils étaient des nazes ; s'ils souffraient l'agonie, ils étaient des hommes ; s'ils perdaient des bras, ou des organes, ils étaient simplement entrer dans un processus cosmique de transformation.

Alors comment meurt Spiderman ? Le bouffon vert, surboosté par le pouvoir de Johnny Storm, blesse mortellement Peter Parker d'un coup dans les côtes, tandis que l'ado araignée trouve juste assez de force pour lui écraser un ultime camion sur la gueule. Le dernier épisode n'est... pas à la hauteur. La vulnérabilité de Spiderman est touchante, en partie justifiée par son inexpérience. Mais le pauvre avait mille fois la possibilité de mourir comme ça. Ceci dit, bien sûr, c'est un sacrifice. J'avais oublié ça, tellement j'en ai rien à f... Peter Parker fait tout pour sauver sa tante. C'est pour ça, "en fait", qu'il meurt. Il insiste pour se sacrifier et être un héros jusqu'au bout, mais en insistant, sa mort semble presque absurde, suicidaire. Si c'est volontaire, et je crois que ça l'est, c'est bien vu (on a l'impression que Tante May pourrait le gifler quand il dit qu'au moins, s'il n'a pas pu sauver Ben, il l'a sauvée, elle). Et, autre bon point, l'identité de Spiderman est du coup révélée (alors que la série originale avait monté un invraisemblable pacte avec le diable pour faire retourner Spiderman à l'anonymat après la révélation de Civil War). L'épisode n'est pas top, mais l'idée est bonne.

 

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Sara Pichelli au dessin, on est au niveau au-dessus, là, good job !

 

Et c'est là que je voulais en venir. L'aveu de Bendis est frappant. Il a presque tué Spiderman pour le remplacer. Marvel vend des tonnes de Ultimate Spiderman #160 au passage, bien sûr. Mais là, c'est parfait. Peter Parker est remplacé par un ado "blatino" (black et latino – catégorie inventée par les films de cul...), Miles Morales. En réalité, on ne connaît pour l'instant que les quelques images du Ultimate Fallout #4 qui présentent les conséquences de la mort de P. Parker. Difficile de dire si ce prochain Spiderman tiendra sa promesse. Mais Bendis a déjà une idée en tête, car ce Spiderman a été inspiré par... tadadadada... Donald Glover, l'acteur/rappeur/writer génial de Community (entre autres).

 

"Pendant que tout ça se passait, deux choses sont arrivées : ma vie de famille a changé radicalement, et Donald Glover s'est levé et a dit : "Je veux être Spiderman." Et moi je me disais "J'aimerais qu'il soit Spiderman. Vraiment." Je l'ai dit publiquement à l'époque, et c'est allé et venu. On est devenu de plus en plus proches en travaillant sur l'idée, et puis ils ont fait ce truc hilarant dans Community, au début de la saison 2 où Donald Glover sort du lit et porte le pyjama de Spiderman, et il avait l'air fantastique, je l'ai vu dans le costume et j'ai pensé "Wow, j'aimerais lire ce livre" ! Donc j'étais content d'être en train d'écrire ce livre."

publié sur Newsrama, 3 août.

 

Glover avait fait campagne sur le web pour jouer dans le prochain Spiderman (ce reboot inutile du film de Sam Raimi), et surtout pour faire admettre l'idée qu'il n'était pas si dingue que Spider soit black. Il a la vanne facile : black. Il est pauvre : black. Un membre de sa famille se fait tuer par un truand : black. 

 

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Mais plus que ces déjà raisons, Bendis avance surtout le fait que la société change, que les comics sont aussi faits par des gens d'horizons différents, et qu'il était impossible d'éviter ça plus longtemps.

Pourtant, il y a une chose intéressante, pour revenir à Donald Glover. Le petit Miles Morales (certes plus jeune que l'acteur) lui ressemble terriblement. Même tête, pour l'instant. Et on peut dire que c'est un truc qu'Ultimate aime bien faire, et fait assez bien. Nick Fury, version Ultimate, n'est ni plus ni moins que Samuel L. Jackson (enfin dessiné comme si c'était Samuel L. Jackson), ce qui créé une sorte de confusion assez intéressante. On ne sait plus si c'est un "rôle" de S. L. Jackson, ou si c'est juste Nick Fury qui ressemble à S. L. Jackson. En utilisant des visages célèbres, Marvel redigère le capital "pop" pré-investi dans un acteur. Et donc, si je ne trompe, puisque notre ami Donald Glover est plutôt un Nerd ou un geek black, Miles Morales pourrait être plus qu'un Peter Parker colorisé, il pourrait vraiment servir un regard plus geek sur le monde des super-héros, voire plus mordant du fait qu'il est vraiment supposé être d'extraction basse (from Brooklyn, cette fois-ci). 

 

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Neeeeeerd !!!

 

Pour l'instant, dans les répliques de Spiderman, j'entends Donald Glover. Et j'adore ça. Alors oui, il y a un mec qui va nous dire qu'on se la fait tout seul, sa voix de Peter Parker, "dans sa tête", comme la prof en cinquième qui t'explique que tu dois inventer tout seul tes histoires alors que toi, dans ta rédaction pourrie, tu as juste voulu écrire la meilleure histoire de James Bond, avec James Bond dedans, comme un vrai James Bond et les gadgets de James Bond. Bon, et bien même si j'ai grandi, et que j'ai une prétention à l'autonomie, lire Spiderman avec Donald Glover en tête c'est atteindre un autre niveau de lecture, simplement parce que Donald Glover est meilleur acteur que moi me jouant la voix de Spiderman !

 

 

A quel point Glover est bon ? C'est le mec qui arrive à faire rire en pleurant. Il pleure si bien. Il joue si bien la détresse, les spasmes, l'accablement jusqu'à la perte des jambes, qu'il en est toujours transfiguré. C'est un acteur physique, qui n'a aucun doute sur les effets qu'il peut atteindre. Et en général, ce qui est fou, c'est que pour la moindre réplique, on le sent venir, le corps entier, engagé, la réplique dans les tubes prête à faire feu. 

A regarder en boucle, l'impro autour de Batman "je peux te poser une question" ?


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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 00:28

 

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Le dessin de Juan José Ryp et le scénario de Warren Ellis se sont rencontrés deux fois dernièrement. Deux fois pour raconter une histoire presque semblable. Tant mieux. L'arnaque des comics a toujours été de changer de scénariste et de dessinateur sans ordre ni raison. Privilège à l'homogénéité et à la clôture des récits. Car Black Summer et No Hero ont tous deux l'autre avantage d'être des albums autonomes, et "hors continuité" (sans lien avec le reste de l'univers DC ou Marvel).

 

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Le point commun énorme de cette double collaboration est de prendre pour point de départ un monde vidé de ses super-héros. Warren Ellis reprend la mythologie à zéro. Dans Black Summer, les super héros sont des ingénieurs qui ont eu l'occasion de se changer eux-mêmes pour réaliser le monde meilleur dont ils rêvaient. Dans No Hero, les super héros sont nés directement de la contre culture et de l'univers des drogues. Pour faire simple, les premiers super-héros sont ceux issus de la culture geek, les deuxièmes super héros sont issus de la contre-culture underground des années 60. Les premiers ont des super nano-technologie, boostée à la physique quantique, pour exploser des tanks, les deuxièmes combattent avec le corps que leurs névroses et l'injection d'une super drogue a dessiné pour eux.

Le point commun est de toute façon de briser l'aspect proprement mythologique des naissances de super héros. Les super héros de DC et de Marvel naissent de nulle part : sur n'importe quel point du globe, dans n'importe quel culture. Même les circonstances accidentelles précises qui ont fait naître un Spiderman ou un Batman sont susceptibles d'être répétées. Et c'est d'ailleurs tout le jeu des comics que de reprendre en permanence la mythologie pour l'adapter (Ultimate chez Marvel, ou le jeu des différentes Terres chez DC). Ces héros classiques, ces mythes ne viennent d'aucune culture identifiable : kryptonien ou martien, né du désir de vengeance d'un enfant, ou apparu suite à un accident ; ils sont égyptien, russe, canadien, ou américain... ils sont divers et variés, mais jamais leurs origines est une condition à leur super-héroïsme. Tout le contraire chez Ellis, le héros doit croire en quelque chose, avoir des attaches dans une culture précise pour pouvoir devenir un super héros. Être geek, universitaire et gauchiste, ou être junkie, cynique et névrosé. C'est un premier pas vers la constitution d'une culture de super héros. 

 

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Superman serait-il le même s'il était tombé au beau milieu de la toundra plutôt qu'en plein Arkansas ?

Millar au scénar pour tester les limites du comics, comme d'hab.

 

L'idée avec Ellis est que l'appartenance à cette culture est obligatoire pour vouloir se lancer tout à coup dans ce trip aussi mégalo et destructeur qu'est la purification du monde. La tagline de No Hero est nette : "jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour être un super héros ?" Car il est très clair qu'un tel projet n'est pas une évidence, qu'il nécessite des psychologies pour le moins troublées et déséquilibrées. C'est sans doute pour cette raison que No Hero est supérieur à Black Summer (bien que l'action soit moins concentrée que Black Summer) : le jeune héros semble suivre un chemin de rectitude toute tracée, et il ne paraît pas en dévier, même quand les premiers effets de la drogues se font connaître. Mais le dénouement est génial (sautez au paragraphe suivant si vous ne voulez pas le connaître). Le jeune et irréprochable Joshua affronte toutes ces tares : son corps décharné, la décomposition de sa bite, la réduction de son visage à une caricature pourrissante de visage de manga kawai... tout ça uniquement parce qu'il est supérieurement fou, supérieurement conduit par un projet de destruction de tout ce qui ressemble à une autorité. Le twist final est si étrange, et si brutal dans ses conséquences, qu'il m'a fait revenir plusieurs fois sur ma lecture, non pas pour le comprendre, mais pour simplement pouvoir l'accepter. L'effet de la drogue à super pouvoirs, le FX7 (nom plus pourri tu meurs) n'a fait que révéler une vraie personnalité, qu'on avait tout simplement pas espérer comprendre. La vérité était bien dès le départ dans les apparences et non dans les intentions, dans la bouillie qu'était devenu le corps de Joshua et non dans la place de super héros qu'il allait occuper. Rien de plus facile à contrefaire que des intentions bienfaisantes. 

Au contraire, Les univers DC et Marvel ont été soucieux de faire varier les situations des héros. Car dans leur vision morale du monde, il ne fait aucun doute que le Bien et le Mal sont identifiables universellement, aussi bien par des martiens que par des mutants, ou que par des revanchards névrosés. Sans cette morale universaliste, tous les albums aurait dû fourmiller de débats multculturels pour savoir si Superman n'est pas dans le fond un redneck ethnocentré, ou Martian Manhunter un dangereux immigré venu détruire les vrais valeurs humanistes. Dans Black Summer, on découvre des héros qui s'insultent pour savoir ce qu'ils doivent faire ; pour savoir si le système capitalo-fasciste exige une riposte radicale anarchiste, ou si le réformisme progressiste mérite une énième seconde chance. Enfin. 

 

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Au centre, en bas de l'image : George Bush en petite forme.

 

Les critiques font souvent référence à Watchmen, de Gibbons et Moore. Bof. Pour applaudir un album de comics, tous les critiques n'arrêtent pas de faire référence à Moore (choisissez n'importe quel album au hasard). La ligne de ces critiques est que Moore présente un monde adulte, c'est-à-dire désenchanté, où il n'y a ni Bien ni Mal clairement identifiables. Certes, mais Moore se contente de dire dans Watchmen : les choses ne sont pas comme vous le pensez. Il ajoute à tout ça une pincée de salmigondis apocalyptique, et le tour est joué. Autrement dit, il n'y a ni Bien ni Mal parce que l'être humain est complexe, et sans doute très méchant dans le fond. Ce qu'Ellis essaie sans doute de montrer est que : "même mauvais, l'être humain peut être utile". Le corollaire étant que : "même bon, il pourra échouer car la réalité complexe de l'action politique rend toute action individuelle insuffisante". Moore est fasciné par le péché, Ellis fasciné par la complexité des interractions socio-politiques. Pour le dire différemment, si les héros étaient bons chez Moore, cela suffirait à rendre le monde meilleur, tandis que chez Ellis, ça ne changerait rien.

Le scénario de Black Summer est intéressant sur ce point puisqu'il montre comment en l'espace d'une journée et demi, tout s'emballe et précipite la destruction des Etats Unis. Il est assez évident qu'Ellis écrit contre le gouvernement Bush, et qu'il a demandé à Juan José Ryp de bien défoncer George W. sur le papier (voir la couv' où on le voit à terre et ensanglantée). Dès le début du comic, le super justicier John Horus vient d'éclabousser les murs du bureau oval du sang du président des Etats Unis et de tous ses conseillers. On le voit apparaître en conférence de presse, maculé de sang présidentiel, pour dénoncer les mensonges sur la guerre en Irak. C'est symboliquement violent. Jamais il ne sera fait la lumière sur les différents pouvoirs des super héros (ni dans No Hero d'ailleurs, et c'est assez intéressant ce mystère), mais le reste de sa bande de justiciers sont aussitôt considérés comme dangereux et pourchassés par les militaires et le FBI. A partir de là, la traque oblige chaque membre de la petite troupe de super-geek à prendre position pour ou contre un coup d'état des super héros. Pour une fois, je ne spolie pas la suite, mais c'est le mécanisme d'emballement qui fait le scénario lui-même, avec un bon vieux twist des familles à la fin... 

 

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 Les images parlent d'elles-mêmes... même si on n'est pas très bien sûr de quoi il s'agit. C'est bien ce que ça montre.

 

Mais dans No Hero ou Black Summer, Ellis et Ryp sont au sommet d'un nouvel art des comics : la liquidation des super héros, voire leurs liquéfaction. Dans les deux cas, la plupart des protagonistes ont été réduits en bouillie, avec plus ou moins de panache. Et c'est le travail de Ryp qui rend tout ça assez fascinant. Il a choisi de graver dans le papier le moindre filament de muscles de ses héros. Le trait n'est pas nerveux du tout. C'est une sorte de Mac Farlane plus délicat. Les corps sont épais et les visages. Sensation de volume immédiate. Tout à la plume, avec plein de jolis déliés, et d'épaississement de contours. Les super héros sont presque kitsch, comme des poupées Ken aux gros mentons qu'on a envie de brûler au briquet. Mais c'est le but même de ce genre de dessin. Tout ça est habité de tellement de souci du détail, labouré de tellement de veines et de muscles qu'on n'attend effectivement qu'une chose : la distension et l'explosion de ces pages saturées. Bref l'explosion de ces corps musculeux. Et Ellis et Ryp nous donnent le spectacle d'une déformation absolue de ces héros en cuir et en casques de moto qui se la pètent comme jamais. Arrachés, ouverts comme des poulets, Ryp donne tous les détails, jusqu'à une scène d'arrachage de colonne vertébrale particulièrement écoeurante (et on ne ne dit pas ce que le personnage en fait... il suffit de mater la planche).

Le plus fascinant des deux albums est sans conteste No Hero, puisque la transformation physique du héros est au coeur de l'intrigue elle-même. Son visage se liquéfie, au point où quand la petite bulle "je suis un héros" apparaît au-dessus de ses yeux vaseux et de son visage sans nez qui le font ressembler à un énième clone toriyamien, on a presque envie de rire. Le traumatisme est au centre. Les pages de badtrips du héros principal sont à la fois une partie de l'histoire, et la clef de cette histoire (puisqu'elle expliquent le twist final). Les liquéfactions de ces corps sont sans conteste la finalité du style volontairement vulgaire et minutieux de Ryp – on sent qu'il ne constitue des formes que pour mieux les dissoudre. Et autour de cette complaisance dans l'auto-destruction, fond et forme, scénario et dessin, W. Ellis et J. J. Ryp s'entendent à merveille. La bouillie et le sang deviennent magnifiquement l'alpha et l'oméga de leurs comics (et du comics en général ? Ouh putain, un sujet de thèse !).

 

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 03:41

 

Psychoreader nemesis

Nemesis, de Millar et McNiven. "Et si Batman était le Joker ?"

Et si j'étais un post-ado justifiant ma régression pour la culture pop ?

 

Nemesis, Black Summer, No Hero, Logicomix... je voulais parler de toutes ces petites bédés merveilleuses. Mais pour prétendre à l'honnêteté, il faut en préalable que je présente objectivement mes préférences... que je dresse le portrait du genre de lecteur que je suis, le profil du genre de taré que je peux être – me faire enquêteur et bête traqué.


Après des années de vaines discussions avec d'autres bédéphiles, j'ai appris à me méfier des goûts des autres. La plupart des lecteurs que j'ai rencontrés – et c'est valable pour l'énorme partie des consommateurs de culture populaire – sont soit des routiniers, soit des puristes. 

Les routiniers lisent ce qu'ils lisent depuis qu'ils sont tout petits, ils n'aiment qu'un genre, ils n'aiment qu'un héros, et bouffent de lui tout ce qui passe. Ils pensent que la bédé c'est le lieu où on peut relâcher son exigence esthétique, dire "chacun ses goûts" en ne risquant pas de tomber sur un censeur. Tout leur problème vient d'ailleurs de là, ils ne savent pas apprécier la bande dessinée et finissent par la sous-estimer pour pouvoir en jouir.

Quant aux puristes, ils n'ont de cesse d'établir des grands critères d'authenticité, et de répèter tous les dogmes de quelques docteurs ès bédés sortis de nulle part. Les dogmatiques d'Alan Moore, les pontes de Tintin, les ascètes de l'Association, ou encore les conjurés de Schuiten et Peteers... Leur effort revient à tenter de parler de la musique aussi généralement qu'ils pourraient le faire en englobant Mozart, Boulez, Pink Floyd et Britney Spears, tout en prétendant que seul Bob Dylan vaut vraiment le coup. Ah, l'objectif est noble. Il faut à tout prix montrer que la bédé est un art (pour pouvoir la goûter). Ils surévaluent la bédé pour pouvoir en jouir. Mais à force de justifier leurs lectures en plaquant les outils de la critique littéraire, leurs goûts devient non seulement vaseux, mais surtout déconnectés du genre populaire qu'est la bédé et des genres de bédé eux-mêmes.

Quant à moi, je ne suis pas un puriste du tout, ni un routinier. La bédé est un truc viscéral, de l'ordre du besoin. Je mange de tout mais pas n'importe quoi. Il faut que ça nourrisse la bête, mes névroses, que ça fasse réagir ma mémoire, que ça fasse clignoter sur IRM mes peurs et mes fantasmes. Le meilleur signe pour choisir une bédé est celui-ci : si un un dessin vous impressionne au point où vous continuez à y penser pendant plusieurs jours, alors vous devez la lire. Akira de Kastushiro Otomo m'est resté gravé dans la tête pendant plusieurs années avant de ne pouvoir ne serait-ce que l'ouvrir. Je n'avais qu'une petite image de Kanéda en moto avec son pistolet laser et un descriptif qui annonçait le manga comme "adulte". Plus tard, j'avais pu glaner quelques extraits dans "un oeil du cylcone" sur canal plus... jusqu'au jour de la révélation (et un revisionnage d'environ une vingtaine de fois depuis). 

Psychoreader. En trois points.

 

 

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Testuo, le meilleur pote de Kanéda et monstre hybride camé. 

 

La bédé, c'est des tripes et des monstres. 

Conviction de gamin qui a lu les comics du père en même temps que les astérix de grand mère et le dictionnaire médicale de la mère. Si on ne voit pas un type se faire arracher les bras, un blob organique dévorer un enfant, ou une ville se faire dévaster par un demi dieu... ce n'est pas une bonne bédé. Mais attention, j'adorais astérix pour les mêmes raisons. Parce que toute la violence d'Astérix est aussi déformante que celle des comics : visage caricaturé, bras étirés, super effets de la potion magique. L'adulte que je suis devenu en tire cette conclusion générale : toute bande dessinée traite de déformation.

Une peinture ne représente que de façon unique un corps. Aucune déformation possible à moins d'une comparaison avec le modèle. Et même dans ce cas, on ne peut pas observer d'infinité de déformations. Le dessinateur en reprenant en permanence la figure du personnage peut travailler toutes les variations qu'il souhaite, aller bien plus loin qu'au cinéma. 

 

 

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L'Arzack de Moebius. Poétique et scato. 

 

La bédé c'est du traumatisme en barre. 

La bande dessinée n'est pas exclusivement un art de la narration, ou de la séquence – il est davantage un art synchronique que diachronique. Ou plutôt la narration c'est ce qui m'oblige à passer à la case suivante, c'est le suspense qui m'oblige à décoller mes yeux des détails de cadavres et de bastons cosmiques. Dans le fond, le scénario n'a que cette fonction là. Si j'attendais plus d'un scénario de bande dessinée (désolé les mecs), je lirai un livre ou je regarderais des séries américaines (ce que je fais déjà). Dans la formation de mon oeil de bédéfan, ce qui a compté c'est le temps à scruter les détails que les planches m'offrent.

La bande dessinée fige le temps de la narration et c'est ça qui est bon. Tous les héros explosent les méchants un à un en leur faisant manger leurs jambes et leurs bras. Qu'à cela ne tienne, il suffit de regarder la "splash panel" encore plus longtemps que d'habitude. Tout le monde a adoré l'effet bullet time de Matrix. La bande dessinée c'est ça depuis le début. Tous les chocs sont figés, scrutables indéfiniment. Qu'il doive y avoir un art de la case lubrifiante, c'est-à-dire assez simple et courte, pour passer à une autre, certes. Mais un album de bédé ne sera jamais un simple flip flap à lire à toute vitesse.

alors certes, le traumatisme peut être causé par la suggestion, par la vitesse, par des effets qui sont de l'ordre de la mise en scène et plus de la représentation graphique. Les mangas font ça super bien. Mais tous ces découpages ultra-serrés ne font que servir le dévoilement final du super méchant, ou du super monstre. Et là : traumatisme.

 

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La Mort de Barry Allen, le second Flash, lors de Crisis on Infinite Earths.

Il ne meurt pas pour rien puisqu'il détruit quand même le canon à anti-matière d'Anti-Monitor. 

 

On peut commencer une bédé par tous les bouts.

A force de lire des comics ou des mangas, ou des séries en général, il m'a fallu lire l'histoire par tous les bouts, quitte à inventer les pans de récits manquants. Je passe sur l'inventivité que ça peut susciter chez certains esprits préparés. Mais grâce à ces longs moments de stupeur sur ma moquette, à me demander à partir de quand Jean Grey était devenu le phénix noir, j'ai compris une caractéristique profonde de la bande dessinée. Il n'y a pas de linéarité en bande dessinée – on pourrait dire dans toute forme d'art populaire en général. Peut-être. Mais particulièrement en bande dessinée, puisque tout y est figé, non temporel. La synchronicité domine (et encore une fois, ne vous faites pas avoir par ceux qui vous explique que la bédé est une sorte de story board chiadé).

Vous pouvez remonter à tout moment les cases, alors qu'il serait hérétique de le faire en regardant un film (car chaque seconde est pesée). Sans compter que les explications de toutes les séries sont redondantes à souhaits. Le créateur de Naruto lance des flashbacks à en être écoeuré à chaque confrontation avec Sasuke. Chaque comics commence par un splah panel plein de cases d'explications, et les héros commentent chacun de leurs gestes dans des tautologies sans fin. Tout est fait pour une lecture polyrythmique (ou poly-autre chose, je suis une brelle en grec).

L'inconvénient pourrait être qu'il n'y ait pas plus de vrais fins qu'il n'y ait de vrais débuts. Mais nous sommes modernes, responsables de nos histoires, et fous d'interprétations – et dans ce cas, il n'y effectivement pas de fin. 

 

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"Tout ce qu'on voit des étoiles, ce sont de vieilles photographies."

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