S. Freud et W. Fliess... amis pour la vie ? Non, juste le temps d'un article sur la bisexualité en 1905. Freud s'en séparera juste après.
Freud est souvent la première référence évoquée quand il s'agit de bisexualité. Logique, il est le premier scientifique à en faire parler, et il est le plus important.
Le très récent documentaire "Amour en tout genre" (2010) ne fait que prouver ce point une fois de plus. Aujourd'hui encore, Sigmund reste le papa qu'on va appeler à la rescousse dès qu'il s'agit de nous expliquer comment on (ne) fait (pas) d'enfants. Dès le premier entretien, la copine lesbienne du réalisateur, qui se définit comme "bi sans étiquette" (un oxymore, une anti-phrase... je laisse les plus fins sémiologues en débattre), invoque aussitôt le psychanalyste : Freud explique que tout le monde est bisexuel dès la naissance, et que c'est par la suite qu'on devient hétéro ou homo.
La théorie de la bisexualité freudienne dans nos esprit c'est ça : la pulsion sexuelle authentique est sans objet, elle est donc bisexuelle. Nous ne choisissons notre objet sexuel que par la suite d'une contrainte sociale. Comme nous vivons dans un monde plus flou quant aux rôles et aux identités sexuelles, il est logique qu'il y ait plus de bisexuels.
Avant même de revenir au texte freudien lui-même, on peut critiquer le freudisme superficiel qui s'étale dans les bars bobos et les soirées d'ados gothiques : (1) si la pulsion sexuelle n'a pas d'objet, pourquoi ne pas être bien plus que bi, mais carrément... pansexuel. Objet, animaux, enfants, meubles, fruits, légumes, sextoys ou emballages de sextoys... tout devrait pouvoir être investi d'une puissance sexuelle – ce qui n'est pas ni réaliste, ni raisonnable. (2) Même dans un monde où les frontières se brouillent, il y a toujours nécessité de se forger une identité fixe. Car la vie suppose de faire un choix et de s'y tenir (le jour où on pourrait voyager dans le temps ou rester éternellement jeune, j'écouterais les arguments inverses). Car l'amour aussi suppose de faire un choix et de s'y tenir – à moins de coupler automatiquement bisexualité et polygamie, ce qui a au moins l'avantage de la cohérence.
La Bi-ible des bi...
La théorie de Freud au sujet de la bisexualité est principalement développée dans les "Trois Essais sur la théorie sexuelle."
Il n'y a que quatre occurrences du terme "bisexualité" dans le texte (dont une qui est faussée).
1. La première occurrence est un simple intertitre : "recours à la bisexualité".
En effet pour expliquer l'inversion (l'homosexualité), Freud a recours à l'idée d'une bisexualité inhérente à la pulsion sexuelle. Si la pulsion sexuelle est indéterminée, et donc bisexuelle, il peut exister des hommes qui désirent d'autres hommes. Attention à trois contre-sens : (a) la bisexualité n'est donc pas une sexualité entière, c'est une tendance primitive chargée d'expliquer cette aberration qu'est l'inversion. Freud ne traite jamais de bisexualité comme s'il s'agissait d'un vrai mode de vie possible. (b) Pour Freud, cette théorie est une hypothèse. Les observations scientifiques des "glandes pubertaires" ne sont que partielles, et à confirmer comme il le répète à la fin de l'ouvrage – et de fait, il aura tort quelques années plus tard : les hormones ne déterminent pas le genre d'objets sexuels qu'on se choisit, et un homme ne secrète pas autant d'oestrogène qu'une femme. (c) S'il a recours à cette théorie (dont on dira pourquoi elle est délirante plus tard), c'est d'abord par souci d'homogénéité dans son explication générale de la sexualité. Si on traite les homosexuelles comme de véritables aberrations, il n'y a pas lieu de recourir à cette théorie. Freud est soucieux d'expliquer un genre d'invertis bien précis : l'inversion acquise – autrement dit les hommes mariés qui aiment se taper quelques adolescents de temps en temps. L'inversion innée elle, ou l'hétérosexualité innée, elle aussi, ne posent aucun problème (c'est naturel, c'est chimique, point !).
Pour le dire simplement : Freud fait une hypothèse, qui s'avère fausse, et qui ne concerne qu'une toute petite partie de la population. Qui plus est, par bisexualité, il faut comprendre : la bisexualité de ceux qui se tapent aussi des mecs au lieu de leurs seules femmes. Bref, si vous êtes gay ou lesbienne, c'est parce que vous êtes bi. Mais si vous êtes hétéro, c'est parce que c'est chimique. Et si vous êtes un "hermaphrodite psychique", c'est bon pour vous, c'est à cause d'un truc de glande, et tout, bref, c'est aussi chimique...
2. La deuxième occurrence est en partie faussée, car le terme allemand original est Gegensatzpaare (pair de contraires) : "on serait tenté, au contraire, de mettre cette présence simultanée d'opposés en rapport avec l'opposition du masculin et du féminin réunis dans la bisexualité, qu'il faut souvent remplacer en psychanalyse par celle d'actif et de passif." Mais c'est peut-être l'occurence la plus intéressante (celle qui justifie l'article wikipedia ou les travaux de Catherine Deschamps).
Au lieu d'objet sexuel masculin ou féminin, Freud propose de définir la pulsion comme active ou passive. Lorsque vous jouez les gorilles, c'est parce que vous êtes masculins, ou plutôt (si vous êtes poète) c'est parce que vous êtes "actif". Si vous jouez les huîtres lascives, difficiles à ouvrir, c'est parce que vous êtes femme au fond de vous, bref, vous êtes "passive". Première nuance, papa Freud propose ça comme une pure convenance de langage – et on le comprend ! Deuxième nuance, qu'on change ou non le terme, Freud ajoute plus loin que "toute libido est de nature masculine"... donc votre pulsion, pour toute passive qu'elle soit, en tant que pulsion, n'en est pas moins active. Pour dire les choses plus clairement : il n'y a pas de pulsion active ou passive, mais simplement une pulsion ou pas de pulsion du tout. Cette distinction, et cette indétermination qu'on appelle la bisexualité (encore une fois... par abus de traduction), ne sert donc à rien. La bisexualité comme hypothèse meurt à la page 161 de l'édition folio Essais. Sorry, Catherine Deschamps.
3. La troisième occurence est délirante et magique, et elle nous fait bien toucher du doigt ce que Freud entend par bisexualité : "il est tout à fait possible que de nouvelles expériences révèlent que la disposition normale de la glande pubertaire est hermaphrodite, moyennant quoi la bisexualité des animaux supérieurs trouverait un fondement anatomique, et il est vraisemblable, dès maintenant, qu'elle n'est pas le seul organe concerné par la production de l'excitation sexuelle et des caractères sexuels."
Avant de relever l'erreur essentiel de Freud concernant l'homosexualité, cette occurrence permet de bien montrer ce qui intéresse Freud dans la théorie de la bisexualité. La bisexualité a selon lui un ancrage anatomique... ou plutôt selon Wilhem Fliess dont il s'inpire, qu'il remercie dans une première édition de ses Trois essais puis qu'il dénigre, et dont il fait effacer le nom de la seconde édition... Magie du sectarisme psychanalytique. La théorie de Fliess consiste à dire que, les embryons étant indistincts quant à leurs sexes, et les organes sexuels étant eux-mêmes non différenciés avant un certain nombre de mois, il est possible que les hommes et les femmes soient bisexuels. Qu'on entende bien l'aspect délirant de cette proposition : la sexualité, c'est anatomique. Et c'est l'erreur, et toute la ringardise conceptuelle de Freud qui fuse telle une bonne vieille blague de cul viennoise dans un restau bourgeois. Sexe et sexualité sont une seule et même chose selon Freud. Je veux bien qu'on en fasse le partisan, plus tard, d'une théorie de la bisexualité psychique... mais attention : indexée toujours sur une base anatomique. Fermez les yeux et imaginez ce que c'est la sexualité selon Freud. Si vous êtes une femme, vos ovaires font infuser dans votre esprit l'idée qu'un mec plein de poils à mâchoir carré est bon pour vous. Et si vous êtes un mec, vos mini-gonades velues vous font bien comprendre qu'un vagin, c'est chaud et c'est cool pour y placer les petites graines magiques qui sort de son serpent capricieux.
Pour dire à quel point, tout cela est à mourir de rire, Freud considère que le fait de désirer un homme ne peut être dû qu'à une féminisation intrinsèque de celui qui désire. Si vous aimez un homme, vous êtes une femme. Si vous aimez une femme, vous êtes un homme. En fait, les homosexuels innés (car oui, il y en a !) ont des caractères sexuels anatomiques qui prouvent qu'ils ont une âme de femme dans un corps d'homme... atrophie des organes sexuels, et diminution générale de la libido. J'espère que "TRANS BLACK TTBM SEXE 23X8cm", qui a posté une petite annonce sur vivastreet ce soir lira ce billet, trouvera un moyen de sauter dans une machine à remonter le temps, et se fera une joie de remplacer le cigare de Freud qu'il a toujours à la bouche par un truc un peu plus réel, turgescent et vivant.
4. La dernière occurence est la plus utile pour les bi-friendly : "depuis que j'ai eu connaissance de la thèse de la bisexualité (ici, dans la première édition on trouve "grâce à W. Fliess"...), je tiens ce facteur pour déterminant dans ce domaine et je pense que si l'on ne tient pas compte de la bisexualité on ne parviendra guère à comprendre les manifestations sexuelles qui peuvent effectivement être observées chez l'homme et chez la femme."
Bon, c'est toujours la même chose, la bisexualité est importante – oh oui ! Elle pourrait être intéressante pour expliquer aussi pourquoi l'enfant peut se placer différemment du côté du père ou de la mère dans le complexe d'Oedipe (Le Moi et le ça, 1927). Mais... elle n'est pas prouvée. Et surtout, comme Freud l'écrit lui-même, jusqu'au bout "la théorie de la bisexualité demeure très obscure." (Malaise dans la civilisation, 1929).
Malcolm X. Un bisexuel oublié de l'histoire black.
Beau gosse, intelligent, et... intéressé par les hommes.
Le meilleur passage pour défendre la théorie bisexuelle classique peut être extrait d'une note ajouté en 1915 (qu'on ne vienne pas me reprocher mon manque de fair play).
"la recherche psychanalytique s'oppose avec la plus grande détermination à la tentative de séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe particularisé. En étudiant d'autres excitations sexuelles encore que celles qui se révèlent de façon manifeste, elle apprend que tous les hommes sont capables d'un choix d'objet homosexuel et qu'ils ont effectivement fait ce choix dans l'inconscient. De fait, les liaisons de sentiment libidinaux à des personnes du même sexe ne jouent pas un moindre rôle, en tant que facteurs intervenant dans la vie psychique normale, que celles qui s'adressent au sexe opposé, et, en tant que moteurs de la maladie, elles en jouent un plus grand. Bien plutôt, c'est l'indépendance du choix d'objet vis-à-vis du sexe de l'objet, la liberté de disposer indifféremment d'objets masculins ou féminins – telle qu'on l'observe dans l'enfance, dans des états primitifs et à des époques reculées de l'histoire –, que la psychanalyse considère comme la base originelle à partir de laquelle se développent, à la suite d'une restriction dans un sens ou dans l'autre, le type normal aussi bien que le type inversé. Du point de vue de la psychanalyse, par conséquent, l'intérêt sexuel exclusif de l'homme pour la femme est aussi un problème qui requiert une explication, et non pas quelque chose qui va de soi et qu'il y aurait lieu d'attribuer à une attraction chimique en son fondement."
Ouh yeah. C'est le Freud qu'on aime, ça. Sexualité et sexe ne sont pas dissociés, mais au moins tout le monde peut être gay, par choix. Cette petite note c'est de la dynamite. L'hétérosexualité ne serait pas fondée sur de simples interractions chimiques. L'homosexualité recoupe même les relations entre hommes au sens large (qu'on appelle aujourd'hui homosocialité).
Cette note – bien que totalement dissonante et marginale – est importante, parce qu'elle exprime parfaitement l'idéal que recoupe la bisexualité.
La sexualité y est présenté comme un "choix" (terme qui pourtant n'a aucun sens dans le cadre du déterminisme psychique, qui est la méthode même de la psychanalyse). Et surtout, c'est un choix qui laisserait une place à l'amour, et à lui seul. La traduction fait même passer la sexualité pour un des droits de l'homme en la formulant dans les mêmes termes juridiques : "la liberté à disposer indifféremment d'objets sexuels masculins ou féminins". L'idéal qui habite la bisexualité c'est ça : une sortie de la sexualité tout court. Le sexe devient secondaire. Nos anges bisexuels seraient la preuve que l'Amour est plus fort que le cul – le vilain, le trop terrestre cul. Les bi sont donc littéralement comme les hermaphrodites des mythes primitifs : ils sont divins, magnifiés, complets, et par conséquent, indifférents à nos petites bassesses, nos concours de gros seins, et nos compètes de grosses bites. Pour nous, les hommes ordinaires, il suffit d'un ou deux détails pour nous retourner le cerveau. Des détails terribles, stupides, insignifiants. Un regard légèrement strabique, une aisselle velue comme un oursin. Un pied, une couleur de peau... Les bi, eux, sont au-dessus de tout ça. Ce qui compte, c'est la petite ritournelle sentimentale qui passe à la télé, à la radio, et dans toutes les séries du net : l'Amour, encore et encore. L'amour sans bite qui éjacule, l'amour sans chatte qui mouille (et je suis prêt à taper dans les mains de tous les bi qui critiqueraient aussi cet idéal fallacieux).
Dans l'esprit de Freud, celui qui est bi est plus libre, il est donc parfaitement moderne, démocratique. La bisexualité est politiquement parfaitement adaptée à nos sociétés. Et ce n'est pas un hasard si la formule de Freud résonne comme une formule juridique moderne. "La liberté à disposer indifféremment..." La bisexualité, c'est la démocratie faite sexualité. Et comme la démocatie, la bisexualité se couple avec l'idéal de consommation propre à nos sociétés démocratiques. Un bi qui entre dans une pièce n'est-il pas en train de dire : si je veux, je peux tous vous draguer, tous vous baiser. Qui d'ailleurs peut prendre au sérieux un mec qui affirme dès le début en entrant dans la pièce qu'il peut coucher avec la terre entière...? Qui si ce n'est un mec du 21ème siècle, travaillé par l'idéal de la mondialisation.
Le bi idéal serait donc un séducteur invétéré, un fou du choix, qui veut pouvoir pratiquement faire tous les choix. C'est exactement le portrait d'Alex, dans le documentaire susdit. Il se définit comme un bi jouisseur. Qui fait jouir les femmes mieux que leurs propres mecs. Mais qui se tape... 99% de mecs. Son corps dit : bite, cul. Son esprit dit : je suis un bi mondialisé et démocratique qui peut faire jouir une orange quand je l'épluche...
Again... un témoignage assez contradictoire avec l'enquête d'Olivier Boucreux.
Mais il conclut que le simple fait de fantasmer d'être bi, c'est être bi... Quoi ???
Bref, ça c'est le Freud qu'on fantasme. Le Freud réel... il est juste après, dans la même note, qui nous explique comment on peut faire d'un inverti efféminé un vrai mec : en lui greffant littéralement une pair de couilles.
"dans un cas, la transformation sexuelle fut mené à bon terme chez un homme qui avait perdu ses testicules à la suite d'une infection tuberculeuse. Dans sa vie sexuelle, il s'était comporté de façon féminine, comme un homosexuel passif, et présentait des caractères féminins de type secondaire très affirmés (modifications de la chevelure, de la croissance de la barbe, accumulation de graisse aux seins et aux hanches). Après la greffe d'un testicule humain cryptique, cet homme se mit à se comporter de façon masculine et à diriger de manière normale sa libido vers la femme. Simultanément les caractères féminins disparurent".
Juste après, il nuance un peu ces résultats, en disant que peut-être la théorie bisexuelle de Fliess marche aussi. Mais la théorie bisexuelle de Fliess contient le même présupposé : le sexe définit l'objet sexuel. Notons juste que dans l'exemple cité auparavant, aucune mention n'est faite d'une véritable homosexualité du fait d'une couille perdue... Le mec a simplement des cheveux et une barbe différents... Et qu'il "se comporte comme un homosexuel passif" n'a que peu d'intérêt tant qu'on ne dit pas ce que c'est précisément. Autrement dit, ne serait-ce que d'un point de vue de l'observation, ces résultats sont peu probants.
Il n'y a pas de miracle à attendre. Le terme même d'identité sexuelle, distinct donc du sexe, n'apparaît en psychanalyse qu'en 1955, sous la plume de John Money. Freud n'en est pas là, tout simplement. L'idée que la pulsion n'a pas d'objet est une pure hypothèse, et qui plus est, son travail à lui est plutôt de dire pourquoi elle parvient à se trouver un objet. Quand bien même la bisexualité serait une hypothèse de travail, elle n'est jamais une sexualité achevée.
Je résume donc.
Les ringardises de l'analyse freudienne :
1) Le sexe détermine la sexualité.
2) Un désir est toujours orienté d'un homme vers une femme ou une femme vers un homme. Que l'inversion soit d'objet, ou de sujet, selon la distinction de Ferenczi, nous sommes toujours en présence d'un désir dyssymétrique. Un homme ne peut pas aimer un homme parce qu'il est un homme. Une femme ne peut pas aimer une femme parce qu'elle est une femme. L'inversion est autrement dit toujours indexé à la bonne vieille théorie d'Ulrichs : une âme de femme dans un corps d'homme, ou l'inverse.
Ses incohérences :
1) Il n'existe pas d'explication homogène de l'inversion (puisque l'inverti par nature n'est pas le même que l'inverti acquis).
2) Si l'inverti féminin est naturellement déterminée à l'être, alors la bisexualité n'est pas universelle.
3) Si la bisexualité n'est pas universelle, on peut s'en passer d'un point de vue théorique.
4) Qui plus est, cette bisexualité n'est qu'une hypothèse, non prouvée, et finalement restée "obscure".
5) La pulsion est supposée sans objet, mais en tant qu'active ou passive, elle est pourtant déterminée sexuellement, et donc a bien un objet, qui à son inverse, doit être féminin ou masculin. Si l'objet est indistinct, le genre de l'objet, lui, ne l'est pas.
Le bi est-il subversif ? Bah oui, il prend des verres au Banana Café...
(plus loin dans le documentaire, Olivia deviendra lesbienne)
Ses discordances fondamentales avec toute bisexualité moderne :
1) La bisexualité freudienne n'est qu'un état primordial qui précède la différenciation. Par conséquent, il doit y avoir choix d'objet à l'âge adulte. La bisexualité comme sexualité pleine et mûre n'est donc pas légitimée par cette théorie de la bisexualité.
2) Parce le sexe cause la sexualité, il n'y a aucun trouble ou subversion à attendre de la bisexualité. Si un homme pourra aimer un homme, c'est parce qu'il sera plus féminin, et l'homme aimé plus masculin. La bisexualité ne fera donc que reconduire les genres attribués socialement et les sexualités correspondantes.
3) Pour la même raison que précédemment, l'abondance sexuelle auquel pourrait prétendre le bisexuel est illusoire. Le bisexuel ne pourra jamais aimer que ce qui est inverse à lui sur le cercle du genre. Un homme indifférencié ne pourra aimer qu'une femme ou un homme indifférenciés, un homme féminin ne pourra aimer qu'un autre homme masculin ou une femme peu féminine ne pourra aimer qu'une autre femme plus féminine.
Bref, enterrons Freud au fond du jardin, il a fait son temps, il avait l'air sympa. Mais prenons aussi soin de lui couper la tête de façon à ce qu'il relève pas un jour pour nous pourchasser comme un zombie.