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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 21:42

Beautemasculine_amato-bronx.jpg

de Kevin Amato

(please, guy, don't sue me for the scan !)

 

Les filles ne savent pas parler de la beauté des mecs. Ou quand elles le font, c'est atrocement prévisible. Il y a par exemple tout ce baratin sur le "je ne sais quoi", l'éloge du charme indicible, avec l'obligation dans les yeux d'un maximum de reflets à la Candy et dans la voix de petits hoquets malicieux. Ou bien, il y a le discours de l'ancienne étudiante en sport études, celle qui a eu le temps de sélectionner le mâle alpha de la tribu et de brâmer son désir à travers les couloirs des vestiaires. "Celui-là, je l'aime bien il est viril avec ses grandes épaules." Variante "Celui-là, je l'aime bien il est viril avec sa grande mâchoire." J'ai oublié les autres nuances... 

Dernier cas possible (mais on pourra toujours me dire que je n'ai pas assez de copines sac à main pour prétendre à l'exhaustivité), le plus drôle : lorsque l'attention se focalise sur des parties totalement hors-concours, comme les mains, les oreilles, ou les ailettes de nez... à partir de là, ça sent bon le refoulement. Comme si des cheveux pouvait exciter sexuellement, plus qu'un cul bien rebondi ou qu'un slip bien rempli et prometteur. Attention, qu'on me comprenne bien : il y a des oreilles sexy (petites et recroquevillées), des ailettes de nez super sexy (large, hautes, et très mobiles), et des mains sexy... attendez non. Les mains sont presque toutes sexy. Bref, les filles ne savent pas parler des mecs, et je leur trouve une très bonne excuse – autre que l'oppression hétérosexiste. Les mecs ne montrent rien. Pas de signes sexuels secondaires visibles aisément dans une rue.

On me dira : si, il y a au moins le cul d'un mec qu'on peut voir. Non... Désolé (Marc), mais même le cul d'un mec est la plupart du temps bien à l'abri dans son jean. J'essaie de me mettre dans la peau d'un hétéro une fois de temps en temps, et la différence est frappante. Les mecs hétéros peuvent voir des culs ultramoulés par les jeans tous les jours. Les gays n'ont le droit qu'à de vagues jeans serrés ou à l'éventualité de s'émouvoir devant la légèreté d'un jogging. Si on aime le cul des lycéens en slim, à la limite, on peut être contenté. Même parfois, on croise un petit trésor perdu au milieu d'une île déserte... Passe devant vous un mec (souvent rebeu ou turc) qui a toujours eu l'habitude de porter son jean au dessus de la taille de telle façon à ce que la raie du jean lui rentre littéralement dans les fesses. Là, c'est le délice. Mieux encore : des mecs en djellabah, face contre le vent, avec l'entrejambes moulé par le tissu fin – blanc de surcoît... Un Delacroix gay sorti de l'hibernation en 2010 ne devrait peindre que ça. Quoi qu'il en soit, en comparaison avec le looks – ou simplement le corps des femmes –, il n'y a rien de très visible chez un homme, rien d'évident. A la limite, les épaules, mais... rien de comparable à une paire de seins ou de fesses féminines, supposées plus proéminents que les équivalents masculins. Alors, sur quoi se rabattre ? 

 

Beautemasculine_capoeira.jpg


Pendant mon deuxième voyage au Brésil, j'ai pris conscience qu'au bout d'un moment, l'appétit grandissant, je commençais à regarder de plus en plus les mecs en entier, en les balayant du regard de la tête jusqu'aux pieds. Certes, la silhouette compte, les vêtements comptent aussi. Mais les endroits où la peau est nue sont toujours les zones suprêmement recherchés par le regard. Parce que sont de véritables plateformes et interface informationnelles. Les informations décollent comme des petits hélicopters de combats bourrés de colliers à fleurs et s'écrasent contre vos yeux : une couleur de peau, une douceur possible, les formes des muscles, une peau sèche ou un peu humide, une pilosité régulière... 

Au bout de quelques jours, après être tombé amoureux de tous les visages des garçons de Salvador, j'ai donc logiquement découvert un aspect nouveau de la beauté masculine – pour être précis : deux. Les pieds, et les mollets. Parce qu'on est amené à les montrer en permanence. Les tongs deviennent géniales pour ça, et les shorts de bain, bien sûr (ils sont plus bouffants, et avec un bon angle, on peut voir le début de la cuisse assez facilement). J'ai pris soin de dire qu'il s'agit d'informations et pas franchement de fétichisme. Qu'on m'accorde juste cette nuance pour l'instant.

 

Beautemasculine_mapplethorpe.jpg

fétichisés (Mapplethorpe).

 

La beauté des jambes et des mollets est subtile. Le bas de la jambe est le point de contact avec le sol, c'est ici qu'on juge ou non de la lourdeur d'un homme, son ancrage dans le sol, et non uniquement de sa puissance. On lit dans le mollet mieux qu'ailleurs le type de muscles, le types de forces qu'un homme dégage. L'amusant donc, est qu'en plein été, on peut voir facilement des mecs au look de bad boys se balader avec des mollets de coquelets, ou encore voir des hommes légers impulser à chaque pas. Les types de jambes se dévoilent, et des identités se pressentent rien qu'à la nervosité d'un mollet. 

Les jambes régulières sont particulièrement belles parce qu'elles suggèrent que le travail de la marche remonte le long de la jambe, et fait participer le corps entier. Le signe d'une belle jambe, c'est le sillon de muscles qui se prolonge du haut de la cheville jusqu'au genou, et dessine finalement le muscle entier, long, pas hypertrophié. A l'inverse, des jambes à la "Action Man" sont horribles. Elles ne que sont l'emboîtement d'une masse de muscle dans un pied à la cheville minuscule et dans un genou atrophié. Une jambe pareille sert simplement à indiquer au boucher la façon de la tronçonner. Mais le plus coupe-faim, c'est la jambe allumette, toute droite, sans courbe, avec juste des poils dessus qui donne un peu de volume à la jambe. On a envie de souffler dedans pour qu'un muscle se mette à gonfler. 

Le pied s'apprécie selon la même esthétique. Il est le membre sur lequel le poids du corps se porte. Je ne suis pas un fou de doigts de pieds, et franchement, savoir si un pied est grec ou égyptien, n'a pas d'importance – ils n'ont qu'un pouvoir disqualifiant s'ils sont démesurés, ou crades. La taille du pied lui-même est également indifférente. Et les projections phalliques qui entourent le pied sont vaines. "Grands pieds, grosses bites..." ça sonne comme un slogan de marchand de chaussures qui a du stock grande taille à revendre. Ceux qui y croient n'y croient généralement que le temps d'une vanne pourrie. 

La beauté d'un pied se lit à la façon dont il s'écrase sur le sol, ou sur la tong. Si la pulpe du pied déborde généreusement sur les côtés, une petite magie s'opère. C'est le côté du pied qu'il faut observer pour comprendre comment "vit" un pied. Comme une chambre à air, il impacte le sol, il absorbe le choc. La douceur d'un pied se juge à la souplesse de son coussinet. Là encore, il y a des degrés, certains pieds perdent cette douceur, d'autres la conserve. Mais contrairement à ce que pensent beaucoup trop de punks à chiens, la corne n'est pas une récompense, une preuve qu'on s'est aguerri. Elle est plutôt la preuve qu'on a perdu la fonction amortissante du pied. Il y a un capital de douceur qu'on ne doit pas chercher à dépenser, et qui appelle au contraire une gestion prudente, raisonnable. L'été, et grâce à la tong, et pas du tout grâce à la sandale qui maintient les côtés du pied, on peut voir ces pieds masculins s'écraser par terre et supporter le choc par milliers. C'est le moent où se dévoile peut être le plus de beauté masculine. Bien sûr, les épaules nues, les chemises et les poils qui remontent le long du cou... Mais cette libération du pied a un côté assez touchant, tout simplement parce qu'elle est naïve. Les mecs eux-mêmes n'ont pas conscience du potentiel érotique d'un pied. Ils se disent "c'est coolos je sors mes pieds à l'air, ça m'évite qu'ils puent en transpirant", mais en fait, les mecs se mettent juste à enfin se déshabiller... 

 

beautémasculine amato

de Kevin Amato, again.

 

Le climax est atteint quand je peux voir des pieds de mecs typés, genre black, rebeu, latino. Le dessous du pied est blanc, ou parfois, très rose. Une différence nette de couleur, comme une stratification, est la manifestation de la différence de ces deux zones et fonctionnalité du pied : la partie recouvrante, la partie absorbante. Grâce à l'effervescente industrie de la tong de Bahia, j'ai pu observer des heures durant des mecs marcher, et faire gonfler la pulpe claire ou rose de leurs pieds à chaque fois qu'ils s'enfonçaient dans leurs tongs en caoutchouc naturel... Dieu préserve le Brésil. Tous ces métis en short de plage et en tongs, souvent aux jambes puissantes, m'ont montré la vraie beauté masculine. Et je ne parle pas encore de leurs culs, de leurs poils, fins et bouclés, ni de leur géniale façon de marcher...

Le pied montre tout ça. Et on peut le voir justement si on n'est pas fétichiste. Je suis prêt à argumenter avec qui veut sur ce point. Mon goût du pied et du mollet n'est pas fétichiste, parce qu'il s'agit d'un pied en situation, exhibé naïvement, en mouvement. Les spécialistes en langage corporel insiste tout particulièrement sur la nervosité des pieds, qui, semble-t-il, trahissent notre nervosité bien plus que notre visage ou nos mains – justement parce qu'on n'apprend pas à les maîtriser. Le fétichiste au contraire isole l'objet de son fantasme, voire le mortifie, l'embaume, et l'artificialise. Ce qu'on aime sur un visage, des yeux, une bouche, des fossettes, on l'aime justement parce qu'ils parlent, qu'ils vivent. Ce que j'essaie de montrer, c'est qu'on peut aimer les jambes des mecs pour les mêmes raisons. Loin loin loin des fétichisations phalliques, qui là encore, ne font naître un fantasme que parce qu'on fige le symbole de la masculinité dans une érection éternelle... Mon goût est opposé à cette fétichisation. Je reviendrai sur la beauté de la bite molle une prochaine... 

 

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commentaires

T
Malgré mon fétichisme, j'ai l'impression de percevoir également la beauté du pied selon la grâce dans ses mouvements, et l'érotisme de sa danse quand il marche est beaucoup plus touchant que sur une photo, il me semble. C'est un peu étrange de séparer le fétichisme de la contemplation esthétique de la beauté du pied masculin, comme si on ne pouvait pas avoir les deux approches en même temps !
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X
très interessant cet article surtout sur les jambes
Répondre
N
<br /> <br /> J'hésite encore à parler directement de bites... c'est un peu le col de l'Everest, faut prendre son temps et bien choisir sa façade.<br /> <br /> <br /> <br />

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