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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 01:32

 

 

Drogue in-treatment

 


A défaut de pouvoir prétendre au titre de super soldat, je me prépare en ce moment à celui de super geek, entraîné pour tchater, jouer et tuer virtuellement sur plusieurs écrans simultanément.

Ma dernière super combinaison pour éprouver les capacités multitâches de mon cerveau consiste à jouer à Super Street Fighter IV tout en regardant In Treatment, la série géniale sur des séances de psy avec Gabriel Byrne. Je sais, j'aurais pu ajouter un tchat de cul ou deux en plus mais j'ai préféré ressentir les choses le plus purement possible. Car la sensation que provoque la combinaison est assez coolos en fait. Ou... attendez "coolos" n'est pas le mot exact, "tranquillos" convient mieux. J'ai appris ce soir en regardant arte que les nazis avait leur drogue de super soldat, la pervitine, une métamphétamine qu'il devait gober s'ils étaient perdus au milieu de l'océan ou en pleine tranchée – pour rester éveillés et super opérationnels pendant quelques jours et exploser les scores du nombre de communistes dégommés... Eh bien, c'est pas du tout pareil. 

L'effet concret de notre drogue numérique est qu'on joue à la fois mieux à SSFIV et qu'on suit mieux la série. Pourquoi ? Parce qu'on est calme quand on joue à SSFIV, et qu'on n'est pas deçu lorsqu'il ne se passe rien dans la série. 

 

 

 

Par "tranquillos", je veux dire l'exact contraire ce qu'inspirent

les commentaires génialement rapides et stressant de Ken Bogard

 

 

Plutôt que d'être tellement excité au point qu'on ne puisse plus dormir avant d'avoir battu vingt fois de suite le même adversaire par pur défi, on est relax, on analyse parfaitement bien les situations de combat, on n'hésite pas à battre en retraite, on évite les patterns comportementales trop visibles par notre adversaire. Bref, on est un vrai stratège du jeu de baston. Il se peut même que devant votre cerveau de maître, l'adversaire se mette à paniquer et à commette de nombreuses fautes qui entraîneront sa perte. Dans ce genre de cas, chaque seconde se savoure, vous ne voyez plus des personnages mais des gestes qui se répètent, des algorythmes, vous êtes dans un film de Darren Aronofsky. Vous êtes sur le point de voir des chiffres verts suinter du plafond. Le secret pour bien jouer à un jeu de baston : savoir ralentir le temps. C'est ce qui se passe si vous calquez votre zenitude sur la zenitude majestueuse du jeu d'acteur de Garbiel Byrne. Vous devenez littéralement Gabriel Byrne ralentissant le temps qui nique des gamins sur le réseau PS3 de SSFIV. Vous vous kiffez.

 

 

 

Ce mec, par exemple, n'a pas assez joué à SSFIV dans sa vie, ou n'étais pas assez cool en y jouant.

 

Et tout ça grâce à les séances d'écoute flottante avec votre psy numérique préféré. Car cette série, In treatment, gagne tout son véritable sens quand vous pouvez la regarder d'un oeil distrait. Ou même l'écouter d'une oreille distraite. Chaque épisode est court, une trentaine de minutes. Il est animé par une dramaturgie sourde, dont on ne se rend pas compte avant le coup d'éclat psychoanalytique de la fin ("en fait par chien écrasé Laura, je crois que tu voulais tout simplement me dire que tu m'aimes, tu sais...").

 

 

 

Et voilà le plus génial... regardez bien ce beau gosse super arrogant et magnifique.

A un moment donné, dans la série, il va pleurer...

 

C'est une série suprêmement intelligente parce qu'elle n'est pas un drame, mais une interprétation en train de se dérouler d'un drame qui s'est déroulé. Le drame c'est l'interprétation qui est en cours dans le cabinet du psy de drames qui ont déjà eu lieu en dehors du cabinet. Et puisque la série ne tient que par la réalité d'une dramaturgie hors champ qui ne sera jamais dévoilée (on ne voit jamais Alex dans son avion de chasse, ou Laura baiser de parfaits inconnus dans les toilettes), vous ne ratez rien, si à votre tour, vous ne faites que vous tenir hors dramaturgie (puisqu'il n'y a pas de récit au sens classique – pas besoin d'en chercher). Au contraire, vous mettez habilement en abyme le dispositif dramatique de la série en étant vous-même en écoutante flottante. Vous vous kiffez.

 

 

Drogue_Gabriel-Byrne.jpg

Effet secondaire d'In treatment :

vous vous mettez à parler de votre complexe d'Oedipe inversé

pour draguer les vieux dans la rue.

 

Le problème, c'est que vous devenez capable de vous enfiler 20 heures de série en une semaine, et qu'il vous faut au plus vite chercher une nouvelle drogue de synthèse. 

Regarder Koh Lanta et jouer à balloons simultanément ?... 

Mettre deux clip de Janelle Monae en déphasage et balancer un  clip de Katerine en contrepoint ?...

Charger la discographie complète de Sufjan Stevens tout en vidant sa corbeille de la discographie complète de Todd rundgren ?...

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