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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 01:17

 

Abridged-Poster-yu-gi-oh-abridged.jpg

Je peux l'avouer maintenant... j'ai aimé regarder Yu-Gi-Oh...

peut-être à cause de sa carte "Hairy Balls"...

 

J'ai oublié comment je suis devenu un geek au tout début. A mon avis, c'est parce que j'étais gay. Je n'aimais pas taper dans un ballon et considérer ça comme une preuve de virilité, ou me battre avec mes camarades – à moins que le gars soit plus petit que moi, ou que mon sacrifice inutile me donne des allures de martyr grandiose à la Genet.

Mais à force de jeux vidéos, et à force de ne pas bronzer en restant dans ma chambre, j'ai dû être assimilé geek – assimilé malgré moi, parce que moi, à leur différence j'avais une sexualité qui ne faisait pas que se sublimer dans les jeux vidéos. Mais je ne pouvais pas me cacher. Je me retrouvais moi aussi dans la cour de récré avec le sac à dos gonflé de tous mes livres de cours parce que j'étais trop scrupuleux pour en oublier un seul. C'était le fardeau de mon manque de coolitude. C'est ce genre de handicap qui vous trahit comme geek aux yeux des autres, et ce genre de handicap qui fait de vous un allié contrarié des autres geeks. Alors très vite, vous cherchez du regard cette assemblée monstrueuse pendant la pause, votre famille Adams adoptive, où chacun parle très fort et rit grassement, survit comme il peut à l'acné, et compense en portant courageusement un sac trois fois trop lourd pour lui. Et si vous restez geek trop longtemps, votre corps s'adapte et se déforme : vous reniflez pour remonter vos lunettes qui tombent (parce que votre peau est super grasse), vous avancez le cou comme une tortue tandis que votre corps est tiré vers l'arrière par le poids des livres, vos cordes vocales finissent par se tendre, vous ratez votre puberté, et vous avez l'air d'un demeuré.

 

 

Geek un jour, geek toujours. C'est un traumatisme. Et bien sûr, il y a des rechutes au programme. Et ça a été mon cas il y a peu mon Peace Provider m'a laissé un lien un jour vers les "Chevaliers du Zoodiaque abrégé". L'avantage du Peace Provider, c'est qu'il est très grand, qu'il n'a jamais eu de problème de virilité, et qu'il peut donc regarder des dessins animés, et jouer aux jeux vidéos... ça lui donne juste l'âme d'un enfant éternellement innocent. Chez moi, une rechute confirme mon statut de célibataire pervers aux yeux de mes potes. 

Mais soit. C'est la vie, la société... mais de liens en liens, j'ai été ébloui. Ces fans flippant ont littéralement redonné une vie à nos séries d'enfance. "Abrégé" en anglais semble avoir une connotation assez spéciale. C'est un condensé, mais aussi une parodie. Parce que cette accélération de l'action est comique, tout simplement. Et c'est le premier point fort. Mais aussi la série abridged réalise notre rêve secret : revoir Dragon Ball Z, les Chevaliers du Zoodiaque sans les longs longs moments de regards gelés, d'expressions de surprise, de séquences pré-dessinées, ou de simples chatoiements d'aura de puissance... Bref, se souvenir des méandres de l'intrigue, sans le surplus poético-chiant de l'industrie du manga.

 

 

La meilleure série abrégée française.

Un épisode = une maison de chevalier d'or traversée, le rêve.

 

Du coup, les vannes tournent autour de tous ces trous dans l'intrigue, ces incohérences, ou ces personnages fantoches. Le fan est impitoyable, et juge absolu. 

La série abridged historique est sans doute celle de Yu Gi Oh abridged. So far, il n'y a pas d'entrée abridged dans Wikipedia, mais la série Yu Gi Oh naît en 2006, et c'est aussi probablement la meilleure jusqu'à présent, et la plus inventive (Naruto suit, puis Dragon ball Z et plein d'autres). 

 

 

L'auteur de Yu Gi Oh abridged... Flippant, charmant, génial, flippant, génial, flippant...?

 

On pourrait dire en gros que c'est l'oeuvre d'un seul homme, dont on trouve la bio sur une fanpage de Yu Gi Oh. Un anglais, aka Little Kuriboh, de son vrai nom Martin Billany, fan de Yu Gi Oh et de card games. C'est un homme bien, qui écoute Devo. Sa honte à regarder Yu Gi Oh (un dessin animé bancal, où des gamins au coiffures bizarres jouent à un jeu de cartes dans le seul but de vendre ce même jeu de cartes dans la réalité aux fans) a été sublimé en en produisant pour la première fois une version abrégée. Une véritable déconstruction, opérée par un fan. Quelques vanne relous, mais rien que de très normal puisque tous les geeks ont l'air obsédé par les femmes, ou par la peur de devenir encore plus efféminés qu'ils ne sont... d'où beaucoup de vannes sexistes et homophobes – mais c'est en adéquation parfaite avec l'esprit du dessin animés lui-même.

 

 

La vanne récurrente : être gay... mais finalement, c'est assez bien mené.

Comme si des hétéros arrivaient à faire du bon humour gay et camp

(de toute façon, se moquer de ses anciennes innocentes passions d'enfance : c'est camp !).

 

Mais il y a quantités de remarques pertinentes sur le dessin animé lui-même, et sur ce qui le constitue : 

- les catch phrases absurdes de certains personnages.

- la bande de personnages secondaires qui n'a plus aucune utilité narrative.

- l'incapacité des personnages à apprendre de leurs erreurs.

- le look invraisemblable de certains personnages.

- les ambiguïtés sexuelles permanentes.

 

 

Pas besoin d'une version yaoi de DBZ... le manga est déjà super ambigu.

 

Sauf que toutes ces inerties sont certes moquées, connues, mais grâce à la magie de la pop culture infaillible des fans, tous ces scories peuvent tisser une trame secondaire : le combat pour devenir le personnage principal, l'éternel retour d'un méchant qui trompe toujours la bande d'amis, ou le progressif changement de look d'un personnage... 

 

 

Autre agréable surpris, passée la déconstruction, les situations qui paraissaient normal dans le contexte de la série, une fois moquée, deviennent réexploitables sous d'autres paradigmes : le rapport Makuba/Zorc se transforme en sitcom, les dialogues interminables pour expliquer les méandres du scénario se changent en dialogues tanrantiniens, ou certains super pouvoirs étranges sont redécrits de façon vraiment amusante.

Un exemple dans le deuxième épisode de Dragon Ball Z épisode 2 : 

Goku : eh piccolo je peux te demander un truc ?

Piccolo : hm.

Goku : tu n'es pas humain, et ton papa a parlé d'un oeuf, pas vrai ?

Piccolo : hm.

Goku : es-tu un Yoshi ?

Piccolo : Ouais goku, je suis un putain de dinosaure tout vert !

Goku : ....

Piccolo : ...

Goku : je peux monter sur toi ?

 

 

 

Alors maintenant, je peux l'avouer. Je mange devant des abridged series. J'invite le Prophète Métis de la France Future à regarder des abridged series. J'envoie des liens d'Abridged series (et les Français en produisent des tonnes – mais pas super super). Et tandis que d'autres rient de se reconnaître dans les "scènes de ménages" d'M6, moi je ris seul devant mes souvenirs de Dragon Ball amputés et recombinés en Frankenstein pop. 

 

 

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